samedi 28 août 2010

La peur donne des ailes...




La peur est l'une des six émotions fondamentales définies par le psychologue Paul Ekman (avec la joie, la tristesse, la colère, la surprise et le dégoût).

À l'intérieur du cerveau se trouve un cerveau émotionnel qui régit le bien-être psychologique et une grande partie de la physiologie du corps (fonctionnement du cœur, tension artérielle, hormones, système digestif et immunitaire).

Pour le neuroscientifique Antonio Damasio, la vie psychique est le résultat d'un effort de symbiose entre le cerveau cognitif (conscient, rationnel et tourné vers le monde extérieur) et le cerveau émotionnel (inconscient, préoccupé de survie et connecté au corps).


Le cerveau émotionnel (ou limbique) est le plus ancien et nous le partageons avec tous les mammifères et, pour certaines parties, avec les reptiles.
Autour se trouve le cerveau nouveau (néocortex).


Le cerveau limbique de par sa structure neuronale est plus primitif mais plus rapide ( c'est pourquoi une réaction de peur se déclenche plus vite que l'analyse de la situation; de plus il a la capacité de "débrancher" le cortex préfrontal sous l'effet d'un stress important, ce dernier ne répondant plus et perdant sa capacité à guider le comportement).

Le néocortex, c'est la surface plissée qui donne au cerveau son apparence si caractéristique; du point de vue de l'évolution, c'est la couche la plus récente; il apporte attention, concentration, réflexion, planification et comportement moral, tous composants essentiels de notre humanité.

Les deux cerveaux peuvent coopérer ou entrer en compétition; de cela dépend ou non l'harmonie intérieure synonyme de bien-être (équilibre entre réactions émotionnelles instinctives et réponses rationnelles).

Le rythme cardiaque est balancé par le système nerveux sympathique ( qui libère l'adrénaline accélératrice) et parasympathique (qui freine), Dans les états de stress, d'anxiété, de dépression ou de colère, la variabilité entre deux battements devient irrégulière ou "chaotique", Dans les états de bien-être, de compassion ou de gratitude, cette variabilité devient "cohérente".

La peur se forme directement dans le cerveau émotionnel et son image est indélébile; seul un "contrôle" du néocortex peut surmonter ses effets.


Il y a une relation entre le physique et le psychique, l'un et l'autre s'influençant mutuellement.

Ainsi les maladies dites psychosomatiques sont une manifestation physique du psychisme (par exemple une contrariété qui se manifeste par une crise d'urticaire).

A l'inverse, une attitude physique influence le psychisme.

Les « effets d’incorporations » se définissent comme l’impact des états corporels (maintien, postures, mouvements, expressions faciales) sur notre façon de traiter l’information et de voir le monde qui nous entoure, et donc influencer le ressenti des sentiments affectifs.

Les neurophysiologistes ont découvert que dans notre cerveau, un simple sourire, même forcé ou calculé, libère automatiquement des endorphines (« hormones du bonheur ») dont l’effet est immédiat.

Les réactions corporelles liées à la peur sont pour les mammifères des réflexes protecteurs: la contraction de l'estomac et des viscères permettra de courir plus vite, l'accélération du rythme cardiaque (adrénaline) et du souffle permettant d'alimenter mieux le sang et favoriser ainsi la fuite.
Et oui, la peur donne des ailes: courage, fuyons!

Le trac est une émotion dérivée de la peur, avec des symptômes communs.
Malheureusement, n'ayant pas à fuir le public, ces réflexes archaïques de survie ne nous sont pas très utiles pour interpréter un concerto. Ils sont même handicapants.

Gérer le trac consiste donc à maitriser et limiter ces effets indésirables, pour ne garder que l'indispensable stimulus qui nous aidera à donner le meilleur de nous même.

Pour cela, il est nécessaire et fondamental de respirer profondément (respiration abdominale), de se relâcher musculairement (relaxation), de se recentrer (entrer en soi-même), et ainsi ralentir son rythme respiratoire et cardiaque.
En principe, les autres effets indésirables (tremblements, sueurs) vont ainsi s'atténuer.
Par "sympathie", l'esprit va lui aussi s'apaiser.

La pratique régulière de la relaxation ou de la méditation, du Qi-Gong ou du yoga, ou encore de la technique Alexander sont autant d'aides précieuses pour reprendre possession de son corps.

En amont, soignez votre alimentation, votre sommeil et si possible faites de l'exercice pour optimiser votre condition physique.

On peut noter que se masser les yeux stimule les nerfs parasympathiques (ceux qui calment).

Concernant l'aspect psychologique, une bonne préparation, sérieuse, sans impasse, avec des objectifs concrets et réalistes est absolument nécessaire, car dans le cas contraire, votre inconscient vous le fera payer.
On ne choisit pas ses rêves ou cauchemars, mais ils ne sont pas toujours le fruit du hasard.

Sachez vous entourer de personnes bienveillantes et protégez-vous: ramassez vos viscères, accélérez votre rythme cardiaque et votre respiration et fuyez les importuns!

N'hésitez pas à vous divertir pour que votre esprit s'allège. Prenez du recul; l'humour est salutaire.

Les techniques de visualisation, ou la sophrologie pourront aussi vous aider.

Le trac se manifeste aussi par des pensées quelquefois irrationnelles, souvent parasites, alors concentrez-vous sur le tangible, comme votre technique de base (soutien, embouchure): elle est votre principal appui!

Portez votre attention sur les premières phrases de votre concours: ainsi vous éviterez de gamberger et vous ferez un bon début, ce qui donnera de vous une bonne première impression.


Et comme en France, il parait que tout finit en chanson, et bien, chantez! avec votre instrument, et que votre plaisir soit communicatif!

références bibliographiques:

André C., Psychologie de la peur, Odile Jacob 2004.

Servan-Schreiber D., Guérir, Pocket 2005

Dessins extraits de Astérix et les Normands de Goscinny et Uderzo, éditions Hachette.


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