samedi 18 décembre 2010

Bartók et le folklore

Après Buenos Aires, changement total de décor avec Budapest.
Il y a peu de points communs entre l'Argentine et la Hongrie, si ce n'est l'importance des musiques traditionnelles et leur influence chez les compositeurs savants.
Bartók est évidemment la figure emblématique de ces compositeurs qui ont puisé leur inspiration dans les folklores. On peut même le considérer comme un des premiers ethnomusicologues.

Béla Bartók et Zoltan Kodály

Bartók et Kodály ont partagé la volonté de se tourner vers les racines de leur pays, et dès 1905, avec l'aide du phonographe Edison, ils sont partis collecter des milliers de chants populaires et de musiques rurales.
Bartók a élargi ce travail à la Roumanie, la Slovaquie, l'Ukraine, la Bulgarie et jusqu'en Algérie et en Anatolie.


musiques du folklore hongrois

Voici comment Bartók a défini en 1941 sa position de compositeur face au matériau folklorique:
"Concernant les transcriptions de musique folklorique, j'ai quelques remarques à émettre. Ces dernières peuvent être approximativement divisées en 3 catégories:
1: les transcriptions où la mélodie utilisée constitue la part la plus importante de l'œuvre. L'accompagnement ajouté et les préludes et postludes éventuels peuvent être seulement considérés comme le sertissage d'un joyau.
2: les transcriptions où la mélodie empruntée et les parties inventées sont d'une importance égale.
3: la mélodie utilisée peut-être simplement considérée comme une sorte de motto, de motif conducteur, tandis que la partie ajoutée atteint la dimension d'un ouvrage original."


Sonatine Sz. 55 de Bartók, en trois mouvements: Joueurs de cornemuse, Danse de l'ours, Finale.

Ses transcriptions d'airs populaires "peuvent être reconnues par leur titre (Quinze chansons paysannes hongroises, Chants de Noël roumains, etc.).
Lorsqu'il n'y a pas d'indication d'origine, c'est qu'aucune mélodie populaire n'a été employée. C'est le cas de mes ouvrages originaux, comme par exemple toute ma musique de chambre".

Bartók a donc d'abord collecté, étudié et classé le folklore, pour ensuite le transcrire et l'harmoniser, pour qu'il devienne finalement un langage propre, inventé et métissé.

D'après le musicologue roumain Mihai Radulescu, "Bartok s'est exprimé d'une manière inhabituelle jusqu'alors, par les rythmes, formes mélodiques, procédés vocaux et instrumentaux de la mélodie populaire la plus originale; il a fait de la mélodie populaire la substance de sa propre musique, de l'amalgame des musiques des peuples différents (surtout danubiens) et de sa propre intuition il a créé un "folklore imaginaire". Il est vraiment imaginaire non seulement parce qu'il signifie une synthèse, mais surtout parce qu'il est pénétré, dans l'architecture et la force expressive de ses œuvres, d'un esprit qui n'est plus propre au folklore proprement dit, mais à l'art musical classique suivant les traditions allemandes avant tout".

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